Agence de Développement de l'Economie et de l'Environnement de la Province de Hainaut

aéroport de CharleroiAvec comme épicentre l’aéroport de Charleroi, la province du Hainaut fait figure de leader wallon du secteur aéronautique. Les entreprises, grandes ou petites, actives dans le domaine y sont particulièrement nombreuses et, malgré les turbulences, la croissance est toujours au rendez-vous.

BSCA, l’avenir s’allonge

Les milliers de passagers qui transitent chaque jour par le tarmac carolo le remarquent à peine, mais un chantier d’envergure se déroule actuellement sur le site de BSCA (Brussels South Charleroi Airport). L’unique piste de l’aéroport est en train de s’allonger de 650 mètres passant de 2 550 mètres aujourd’hui à 3 200 lors de sa mise en service prévue en 2021. Un chantier stratégique pour le deuxième aéroport belge en nombre de passagers. “Cet allongement de la piste va nous permettre d’accueillir des vols long-courriers et d’ouvrir de nouveaux horizons à l’aéroport et aux compagnies qui y sont basées”, explique Vincent GRASSA, le porte-parole de BSCA. Des vols intercontinentaux qui ont déjà décollé depuis Charleroi, comme ceux d’Air Belgium vers Hong Kong, mais qui se heurtaient à des difficultés techniques. “Les avions ne pouvaient pas décoller à pleine charge. Les distances devaient donc être raccourcies ou la capacité de chargement devait être réduite, avec la nouvelle piste ce ne sera plus le cas”.

Des passagers en plus et du cargo

Si l’allongement de la piste permettra aux compagnies déjà présentes à Charleroi de voir leur rayon d’action s’étendre, il va également donner la possibilité à l’aéroport d’héberger de nouveaux clients. Et, si rien n’est signé actuellement, des discussions sont d’ores et déjà en cours afin d’accueillir des compagnies attirées par les long-courriers, comme le confirme le porte-parole de Charleroi Airport: “Ouvrir de nouvelles lignes ou accueillir une nouvelle compagnie prend du temps. Ce sont des discussions qui peuvent s’étaler sur plusieurs mois. Mais, nous avons aujourd’hui des contacts. Et cela cadre parfaitement avec la volonté de BSCA de poursuivre sa diversification” et ainsi de s’éloigner progressivement de Ryanair, la compagnie irlandaise étant aujourd’hui encore, et de loin, le client principal de la plate-forme hainuyère. La nouvelle piste de 3 200 mètres permettra aussi aux compagnies aériennes de faire davantage de cargo. Non pas des vols 100 % cargo, apanage du voisin liégeois, mais des vols passagers complétés par des chargements de frets. Une possibilité aujourd’hui limitée par la longueur de la piste et donc par la capacité de chargement des avions.

De nouveaux services

Le deuxième défi de l’aéroport carolo, un défi presque récurrent, est celui de l’accueil des passagers. Des passagers qui sont toujours plus nombreux à prendre leur envol et/ou à atterrir à Charleroi. En 2018, ils étaient plus de 8 millions à avoir emprunté les deux terminaux de BSCA, un chiffre qui sera encore supérieur, cette année, avec une croissance attendue de l’ordre de 2 à 5 %. Des passagers toujours plus nombreux qui ont besoin d’espace et de services. Après la mise en service du terminal 2 en janvier 2017, l’aéroport poursuit l’élargissement de sa capacité d’accueil. “Nos services administratifs ont quitté le bâtiment du terminal 1 pour s’installer juste en face de l’aéroport. Un déménagement qui a permis de réaménager complètement le 3e niveau du terminal et d’offrir plus d’espace aux passagers”, explique Vincent GRASSA. Plusieurs grandes enseignes de la restauration ont donc rejoint l’aéroport cette année. Une offre de services qui faisait défaut à la plate-forme aéroportuaire carolo et qui contribuera aussi à améliorer le ranking de BSCA au sein des meilleurs aéroports internationaux. “En 2018, Charleroi s’est classé à la 14e place sur 132 aéroports analysés”, s’enthousiasme son porte-parole. Un classement établi par Air Help, société spécialisée dans les droits des passagers aériens, et qui se base sur 3 grands critères: ponctualité des vols, qualité du service, commerces et restaurants. Charleroi arrivant même en tête pour ce qui est de la ponctualité! Et prochainement, la qualité de l’accueil sera encore renforcée par la disparition de la tente où sont effectués les pré-contrôles de sécurité. Un abri installé dans la précipitation en 2015 juste après les attentats à Bruxelles et qui sera remplacé par un nouveau bâtiment.

Master plan

BSCA a lancé un master plan afin de répondre aux besoins du site caroloLa croissance de l’aéroport est donc au rendez-vous et se poursuivra dans les prochaines années. Avec de nombreux challenges à la clef. Et, pour y répondre, BSCA a lancé un master plan afin de répondre aux besoins du site carolo, à l’horizon 2025, pour le court terme et 2035 pour le long terme. Un master plan qui doit envisager, notamment, le futur des infrastructures afin d’absorber un flux de passagers toujours plus important. En 2025, l’aéroport prévoit, en effet, de franchir la barre pas que symbolique des 10 millions de passagers. Un nouveau cap pour ce moteur économique wallon qui emploie 750 personnes au sein de la société BSCA, mais plus de 3 000 sur le site et plus de 6 000 en comptant les emplois indirects.

Des fleurons industriels

Si le succès de l’aéroport de Charleroi est relativement récent, l’industrie aéronautique hainuyère est, elle, profondément ancrée dans le tissu économique de la province. Un secteur qui s’est développé dans l’entre-deux-guerres, notamment déjà sur le site de ce qui était, à l’époque, l’aérodrome de Gosselies. Une aventure étroitement liée à celle du développement de la Force aérienne belge avec la création, en 1931, d’une usine à Gosselies par l’anglais FAIREY afin d’y assembler les biplans choisis par l’Armée belge. Et en 1955, c’est la SABCA qui y construira un nouveau site en bordure de la piste de l’aéroport. Une implantation spécialisée dans la maintenance et la mise à jour d’appareils militaires, avions et hélicoptères. Un site qui occupe aujourd’hui approximativement 300 personnes.

De l’Angleterre à la Wallonie

Près de 90 ans après sa création par FAIREY, l’activité aéronautique est donc toujours bien présente à Charleroi. Et si le constructeur britannique a disparu, la Sonaca a pris la relève. Une entreprise détenue par la Région wallonne et qui a su se forger une place incontournable dans le paysage aéronautique mondial, puisqu’en plus de Gosselies, la Sonaca est implantée presque partout dans le monde avec des filiales en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie. Son chiffre d’affaires atteint plus de 755 millions d’euros et le groupe emploie 4 600 employés.

Si la Sonaca est présente aux quatre coins du monde, son cœur est toujours à Gosselies où 1 600 personnes sont occupées et où est réalisée près de la moitié du chiffre d’affaires du groupe. “Nous fournissons des solutions entièrement intégrées aux problèmes les plus complexes de nos clients, de la conception à la fabrication et à l’ingénierie. Grâce à notre approche intégrée, nos clients reçoivent des produits de haute qualité, le meilleur service à la clientèle et la plus haute valeur ajoutée industrielle”, détaille le CEO de la Sonaca, Bernard DELVAUX.

Le civil et le militaire

Aujourd’hui, la Sonaca est présente dans de nombreux programmes civils et militaires. Spécialisée notamment dans la mise au point et l’assemblage d’éléments de fuselage comme les bords d’attaque d’ailes, l’entreprise carolo est ou a été impliquée dans les programmes F16 (les F16 belges et danois ont été assemblés à Gosselies), A400 M, dans ceux de plusieurs chasseurs américains ou encore des drones ou des hélicoptères comme le H60.

Mais, c’est l’aviation civile qui occupe aujourd’hui majoritairement l’entreprise avec, par exemple, d’importantes participations dans les programmes Airbus via la construction des bords d’attaque des ailes des A319, A320, A330 ou encore A350. “1 250 chipsets, lots de pièces équipant chaque avion, sont produits chaque année par la Sonaca à Gosselies”, explique le CEO du groupe.

L’inconnue F35

Le programme F16 a profondément développé le secteur aéronautique belge et wallonLe programme F16 a profondément développé le secteur aéronautique belge et wallon avec l’assemblage par la Sonaca des appareils destinés notamment à la Belgique, mais aussi la fourniture de plus de 1 300 éléments de fuselages de ce mythique avion de chasse employé un peu partout dans le monde. Un programme F16 qui a aussi profité à la SABCA, puisque c’est à Gosselies que sont, encore aujourd’hui, entretenus et mis à jour les chasseurs belges, mais aussi ceux d’autres nations y compris ceux de l’US Air Force, basés en Europe. Des contrats qui, pour certains, courent au-delà de 2020.

Mais les F16 belges seront prochainement remplacés par un nouvel avion américain, le F35. Les retombées pour le secteur aéronautique belge seront-elles aussi importantes qu’avec son prédécesseur? La réponse est assurément non. Tout simplement car la Belgique, contrairement à d’autres pays, n’a pas souhaité s’impliquer dès le début du programme F35, au contraire des Pays-Bas, par exemple, mais aussi parce que l’Union européenne ne permet plus les retours industriels comme ceux élaborés dans la cadre de la construction des F16. Les industriels belges devront donc nouer d’autres accords avec le constructeur du F35, Lockheed Martin. Des discussions qui sont en cours, comme le confirme Bernard DELVAUX, le patron de la Sonaca: “Le groupe Sonaca espère décrocher des activités industrielles en fabrication pour Lockheed Martin, même si rien n’est concrétisé à ce jour. La société Ignition!, filiale des sociétés Sonaca et SABCA, pourrait également obtenir des activités de maintenance”.

Un avion made in Belgium

Si depuis la fin de la construction des F16 belges, plus aucun avion complet n’avait été assemblé sur le sol wallon, l’histoire de l’industrie aéronautique belge a ouvert un nouveau chapitre avec le Sonaca 200, un nouvel appareil développé et assemblé par la Sonaca. “Le Sonaca 200 est un avion destiné notamment aux écoles de pilotage, qui allie robustesse, fiabilité et faibles coûts d’opération. Il est commercialisé par Sonaca Aircraft, filiale du groupe Sonaca, basée à Temploux. Sonaca Aircraft emploie actuellement une vingtaine de personnes. La montée en cadence est en cours actuellement, pour atteindre une cinquantaine d’avions par an, en 2021”, détaille le CEO. Un programme qui représente une infime part de l’activité globale du groupe mais qui permet néanmoins à l’entreprise carolorégienne de se doter d’une belle vitrine de son savoir-faire.

Plus près des étoiles

secteur aéronautiqueSi l’aviation civile et militaire s’octroie la plus importante part du gâteau, le spatial a lui aussi son encrage en Hainaut avec, notamment, l’entreprise Thales Alenia Space, la filiale belge du groupe français Thales. Anciennement les ACEC et ensuite ETCA, Thales Charleroi est à la pointe dans la fourniture d’éléments pour satellites, mais aussi dans les différents programmes de la fusée européenne Ariane. La majorité de l’électronique embarquée à bord de la 5e génération de la fusée est d’ailleurs made in Charleroi. Et l’entreprise est particulièrement impliquée dans Ariane 6. C’est ainsi Thales Belgium qui fournira l’ensemble de l’électronique du système de sauvegarde de la fusée. Le pilotage électronique des tuyères de la fusée sera aussi conçu à Charleroi. “Thales Alenia Space se réjouit de contribuer à l’aventure Ariane depuis plus de quarante ans. Fruit d’une collaboration gagnante entre industriels en Belgique, ce contrat est également le résultat du soutien continu de nos pouvoirs publics, tant au niveau fédéral (Belspo) qui supporte activement le développement de nouvelles technologies et de nouveaux produits, qu’au niveau régional, qui soutient la mise en œuvre de moyens innovants de production et de tests”, a déclaré Emmanuel TERRASSE, Directeur général de Thales Alenia Space en Belgique . Le premier lancement de la fusée Ariane 6 devrait à voir lieu en septembre 2020 depuis le centre spatial guyanais de Kourou.

Un important maillage d’entreprises

Si plusieurs grandes entreprises font figures de leaders du secteur aéronautique, l’écosystème wallon et hainuyer compte un grand nombre d’acteurs; du plus petit, à l’image de l’entreprise familiale Gräfe, installée à Châtelet et spécialisée dans les pièces de haute précision (cf. portrait); aux très grandes comme la Sonaca. Un maillage constitué par de grands donneurs d’ordres et par un nombre très importants de plus petites structures agissant en sous-traitance. Des entreprises qui, pour la plupart, se retrouvent dans le cluster wallon dédié aux secteurs aéronautique et aérospatial Skywin.

Skywin, fédérer les acteurs

Parmi les pôles de compétitivité initiés par la Wallonie dans la foulée du Plan Marshall, Skywin est celui axé sur le secteur aérospatial. Créé en 2006, il regroupe aujourd’hui près de 150 membres dont 115 entreprises, plusieurs universités et écoles, 10 centres de recherches et 3 centres de formations. La mission principale du pôle est la mise en place et le pilotage de projets cofinancés par la Région wallonne afin de développer les synergies entres les acteurs industriels et académiques, et de développer le secteur en Wallonie. En 2018, ce secteur a représenté un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros et 7 500 emplois directs. Des entreprises qui exportent leurs activités à hauteur de 90 %.

L’enjeu de la formation

Formation aéronautique wallonieSi le secteur est particulièrement actif en Belgique, le défi est de permettre à l’activité de se maintenir durablement sur le territoire wallon et hainuyer. Et l’un des paramètres centraux est celui de la main-d’œuvre et donc de la formation. Plusieurs institutions l’ont bien compris et ont développé au fil des ans, des parcours scolaires en adéquation avec les besoins des entreprises. C’est, par exemple, le cas de la Haute Ecole provinciale Condorcet qui propose un bachelier en aéronautique dont les cours sont dispensés à Charleroi. Une formation de 3 ans qui permet à ses diplômés de poursuivre plusieurs orientations: le pilotage d’aéronefs, la construction aéronautique et les techniques d’entretien.

Le Forem, via son centre de compétences WAN, dispense également des formations utiles au secteur dans une multitude de domaines. De la construction à la maintenance jusqu’à la formation du personnel de cabine. Des parcours de formation menés directement via le WAN ou en collaborations avec d’autres organismes ou écoles.

Un enjeu de la formation crucial pour l’avenir du secteur. Car c’est du savoir-faire et de l’expertise des entreprises, des qualités peu délocalisables, que dépend une grande part du futur de l’aéronautique hainuyer.

Aurélien LAURENT

Pour ne pas faillir à la tradition, le début de l’année coïncide avec la nouvelle édition de la plaquette “La Province de Hainaut en quelques chiffres” qui s’adresse aux #citoyens, aux #étudiants, aux chercheurs, aux #entrepreneurs et aux décideurs. Ces #chiffres ont pour objectif de susciter débats, réflexions, partages d’idées et, pour des entreprises comme I-Care, située à #Mons, d’envisager des perspectives de développement. #provincedehainaut #cacestlaprovince

Pour en savoir plus, vous pouvez gratuitement commander ou télécharger l’édition 2020 de la plaquette et la brochure 

AEPS (Aviation English Private School)AEPS (Aviation English Private School) est un centre de formation et de certification d’anglais pour pilotes d’aéronefs basé à Mons et fondé en 2013 par Olivier THAON et Juliette BODSON. Depuis sa création, le centre a formé ou certifié plus de 1 000 pilotes à travers le monde.

Confrontée à l’explosion du trafic aérien notamment hors Europe et Amérique du Nord, l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI) a décidé, en 2008, de fixer des normes de connaissances minimales de l’anglais. Une décision rendue indispensable par le constat que la langue de Shakespeare n’était pas suffisamment maîtrisée par les acteurs aéronautiques. “Des gens sont morts car des pilotes et des contrôleurs aériens ne se sont pas compris. Il fallait donc réagir et l’OACI a imposé de nouvelles normes à ses membres”, explique Olivier THAON, le fondateur et gérant d’AEPS. Et, en 2011, cette compétence normative a été transmise pour l’Union européenne à l’EASA, European Union Aviation Safety Agency.

Un pied de nez à son histoire personnelle

C’est dans ce contexte qu’Olivier THAON a lancé son école, en 2013, alors que son parcours professionnel avait pourtant pris une toute autre trajectoire. “J’ai une formation d’informaticien et j’ai travaillé dans ce secteur durant 10 ans à Bruxelles notamment à la Commission européenne”, raconte-t-il. Mais, usé par les trajets, il a choisi de revenir vers sa terre natale montoise et d’explorer une nouvelle voie professionnelle avec, en tête, un vieux souvenir d’école. “Durant mon parcours scolaire, on m’a toujours dit Monsieur THAON, vous êtes mauvais en anglais et en néerlandais. Et, à force de me le répéter, j’ai fini par le croire. Et pourtant, à la Commission, au milieu des 27 nationalités de l’UE, j’ai constaté que, finalement, je ne me débrouillais pas trop mal en anglais”. De retour à Mons à la recherche d’une reconversion, Olivier THAON a donc décidé de faire un pied de nez à ses anciens professeurs et lancer une école… de langues. Et, le principe des formations proposées à l’origine par Olivier THAON est basé sur la pratique. “Il est important d’oser parler. D’oser faire des fautes. De ne pas se sentir jugé en permanence. Pour moi, l’idée est de parvenir à communiquer. C’est quand même l’essentiel. Donc, il faut parler. Et pour parler, il faut oser. Et si on n’ose pas, on ne sait pas communiquer”. C’est donc avec ce principe simple en tête qu’Olivier THAON a lancé son école.

Olivier THAONRestait alors à faire le lien avec le secteur aéronautique. Et, heureuse coïncidence de l’histoire, à la même époque le fondateur d’AEPS a entrepris une formation de pilotage à l’aérodrome de Saint-Ghislain. Il a donc pu nouer de nombreux contacts avec des pilotes en herbes confrontés à un besoin de mise à niveau en anglais. Et, c’est ainsi que le centre de formation en anglais spécialisé dans l’aéronautique a vu le jour en 2013.

Mais l’univers de l’aéronautique est particulièrement large et plusieurs mondes cohabitent avec deux grandes catégories: les pilotes professionnels et les pilotes privés. Et, au niveau des certifications de langues, ces deux catégories de pilotes étaient versées dans le même panier. “Pourtant, piloter un petit Cesna 2 places, ce n’est pas vraiment la même chose que d’être aux commandes d’un Airbus”, explique Olivier THAON. Le fondateur d’AEPS a donc pris son bâton de pèlerin et a frappé à la porte de l’administration belge afin de la conscientiser sur l’inadéquation des certifications d’anglais. Un constat partagé également par l’Agence européenne de Sécurité aérienne. Plusieurs niveaux d’anglais ont donc été instaurés. Dans la foulée, AEPS a ainsi pu développer des cours et des certifications contextualisées à l’environnement de vol réel des pilotes.

Les Français mauvais en anglais

Rapidement, en plus des cours de langue, AEPS est donc devenu un centre de certification reconnu au niveau européen. Et le secteur aéronautique ne connaissant pas ou peu les frontières, la réputation du centre d’Olivier THAON a rapidement débordé du cadre belge. “Très vite, nous avons eu des demandes notamment coté français. Et, si dans un premier temps, les élèves venaient à nous, nous avons ensuite changé notre modèle de fonctionnement et nous nous sommes installés sur le marché hexagonal”, explique le fondateur d’AEPS. Un besoin français d’autant plus grand que l’anglais n’était pas encore très répandu dans la communauté aéronautique tricolore. Et, que certains pilotes ont même perdu leur droit à voler par manque de connaissance de l’anglais.

Depuis 2017, AEPS a donc développé une filiale française qui est implantée à Bordeaux avec une deuxième antenne située sur le site du Bourget qui héberge l’aéroport Paris – Le Bourget. “Nous avons créé une filiale française tant les demandes étaient nombreuses et, aujourd’hui, la part la plus importante de notre activité se réalise d’ailleurs en France”. Et, en parallèle de la certification des pilotes, l’école forme et certifie aussi d’autres catégories de personnes comme les mécaniciens ou les personnels au sol de certaines compagnies.

Et la France, c’est l’Hexagone, mais c’est aussi les départements et territoires d’outre-mer, les DOM-TOM. “Nous avons débuté par Nouméa en 2015 où j’avais une connaissance qui travaillait dans une petite compagnie aérienne”. Et l’efficacité d’AEPS a été tellement importante dans cette région reculée du Pacifique sud que l’administration française y a fermé son service de certification. La petite structure montoise y assure donc désormais, seule, ce rôle primordial dans la chaîne du transport aérien en Nouvelle-Calédonie. Forte de cette réussite, AEPS s’est aussi implantée en Martinique et en Guadeloupe. Et la Réunion est venue compléter ce panel exotique en 2018. Sans oublier Tahiti, où Olivier THAON a prévu de poser ses manuels d’anglais dans quelques mois. Et, si l’accent français est majoritaire parmi les clients et partenaires de la petite entreprise belge, AEPS rayonne un peu partout, notamment en Allemagne et au Portugal. Et, au total, en 2018, 1 200 pilotes dans le monde ont été certifiés par AEPS.

centre de formation et de certification d’anglais pour pilotes d’aéronefsEn parallèle de son rôle de certificateur, AEPS n’a pas oublié son rôle de formateur. Et l’école développe toujours de nombreux cours d’anglais en lien direct avec le secteur aéronautique. Avec deux possibilités principales. D’une part, les cours classiques dispensés à Mons ou via des partenaires européens ou internationaux et d’autre part du e-learning via sa plate-forme Touch English & Go. Un deuxième volet en plein développement. “Il y a une réelle demande pour des cours à distance”, explique Olivier THAON, “tout n’est pas possible notamment si le niveau de départ de l’élève est trop faible mais pour les autres c’est une vraie solution qui offre une grande flexibilité et qui peut se faire évidemment partout, sans frontière”. Six ans après son décollage, AEPS est donc toujours en phase ascendante et si les turbulences sont inhérentes au secteur, l’école montoise voit sa vitesse de croisière toujours progresser.

Aurélien LAURENT

L’entreprise familiale Gräfe, installée à Châtelet, s’est forgée, depuis près de 60 ans, une réputation quasi inégalée dans le secteur du tournage et du fraisage de pièces à destination des industries spatiale et aéronautique. Des artisans passionnés plongés dans le monde de la technologie de pointe où la précision et la fiabilité sont au cœur de toutes les attentions.

L’histoire de l’entreprise Gräfe se mêle à celle tourmentée du continent européen lors du siècle passé. Né en Allemagne en 1924, le jeune Rudolf GRÄFE acquiert ses compétences professionnelles aux cotés de Carl ZEISS à Iéna. L’entreprise Zeiss est déjà, à cette époque, une référence mondiale dans l’optique et la mécanique de précision. Mais le tourbillon de la Deuxième Guerre mondiale emporte Rudolf GRÄFE qui se retrouve prisonnier de guerre en Belgique. A la fin du conflit, l’Allemagne est partagée entre les pays vainqueurs du conflit et Iéna (Jena) se retrouve à l’Est, sous contrôle soviétique. A sa libération, Rudolf GRÄFE décide alors de rester en Belgique. Il y fondera une famille et… son entreprise.
Grâfe, un savoir-faire famillialEt, en 1961, lorsqu’il décide de se lancer seul, Rudolf GRÄFE part de rien. “Nos parents, explique Paul GRÄFE, l’un des deux fils du fondateur, vivaient dans un deux-pièces. Un jour mon père est parti pour acheter un poêle au charbon et il revenu sans poêle mais avec une machine à tourner! Et il a commencé comme ça, très modestement”. Petit à petit, l’activité a augmenté, les machines se sont accumulées, l’entreprise a déménagé à plusieurs reprises et se retrouve, aujourd’hui, à Châtelet. Trois décennies après sa création, les deux fils de Rudolf GRÄFE ont pris, en 1991, sa succession. Ils se sont alors retrouvés à la tête d’une PME d’une dizaine de personnes qui, en 30 ans, était parvenue à se constituer une réputation aussi solide que les pièces qui sortent de ses ateliers.

Et, parmi les clients historiques de l’entreprise, on ne retrouve que des grands noms de l’industrie spatiale et aéronautique: Sabca, Thalès, Alstom, Dassault, etc. Des éléments des fusées Ariane, de nombreux avions de chasse, d’hélicoptères ou encore d’avions d’affaire comme les Falcon sortent donc des ateliers de l’entreprise à Châtelet. Un secteur où la qualité et la précision sont deux critères incontournables. “Nous sommes reconnus pour notre travail depuis longtemps”, expliquent les deux frères. “Dans un secteur comme le nôtre, les clients sont particulièrement exigeants et ils n’ont pas droit à l’erreur. Et donc, nous non plus!”
Et le cœur du métier de Gräfe c’est justement la précision. “Nous sommes spécialisés dans l’usinage de pièces de précision. Quelle que soit la complexité du modèle, nous pouvons le réaliser. Notre seule limite c’est la capacité de nos machines. Et notre échelle de précision se mesure au-delà de ce que l’œil est capable de percevoir”. Un travail que l’entreprise effectue en petite ou moyenne série. “Notre métier ce n’est

pas la production à la chaîne, nous produisons des éléments uniques ou des petites séries. C’est le cas pour les fusées, par exemple, ou pour les jets privés qui ne sont produits qu’à quelques dizaines ou centaines d’exemplaires”. L’entreprise a ainsi fourni des éléments de tableau de bord pour les Alpha Jet, les avions utilisés pour la formation des pilotes de chasse belges et français. Les Falcon du Français Dassault comportent également des éléments usinés à Châtelet.

GräfeSi au sein des ateliers le travail ne manque pas, depuis que Philippe et Paul sont à la tête de l’entreprise, l’environnement a, lui, bien changé. “Les relations avec les clients ne sont plus les mêmes. Les acheteurs changent souvent, la confiance n’a plus le temps de s’installer. Seuls les chiffres comptent”, regrettent les deux frères. “Nous parvenons à rester concurrentiels grâce à nos spécificités et à notre réactivité mais nous voyons des contrats partir notamment en Inde”.

Autre écueil que la PME peine à franchir, c’est celle du recrutement. Selon les deux patrons, les élèves qui sortent des écoles techniques ne sont pas suffisamment formés. Ou leur formation ne correspond pas aux besoins de l’entreprise. “Toutes nos machines sont aujourd’hui commandées électroniquement. L’informatisation et la digitalisation sont partout et pourtant certains élèves durant leur formation n’auront jamais appris à utiliser des machines gérées électroniquement. C’est quand ils arrivent chez nous que nous devons les former”, déplore Philippe GRÄFE. Du moins, si les candidats osent franchir la porte de l’entreprise, victime, comme tant d’autres de la mauvaise image de l’industrie mécanique. “Certains pensent encore qu’ils vont travailler dans un environnement sale, qu’ils vont rentrer chez eux remplis d’huile ou de graisse. Mais c’est fini tout ça!” Et, effectivement, leurs ateliers sont plus proches d’un laboratoire pharmaceutique que d’une usine.
Si les difficultés sont nombreuses, l’entreprise se porte bien. Et le duo fraternel, après près de 30 ans à la tête de l’entreprise, presque autant que leur père, ne manque pas d’idées et de dynamisme pour assurer l’avenir de leur PME. Avec un maître-mot: la diversification. “Nous cherchons sans cesse de nouveaux débouchés, de nouveaux secteurs afin de ne pas être dépendants de nos grands donneurs d’ordre”, insiste Paul GRÄFE. Et les projets ne manquent pas. L’entreprise s’est ainsi associée au créateur d’une montre belge dont le boîtier est usiné à Châtelet. Du spatial à l’horlogerie, toujours la même précision.

Aurélien LAURENT

 

Télé MB parle de notre plaquette statistiques du Hainaut 2020.

Vous pouvez gratuitement commander ou télécharger l’édition 2020 de la plaquette et la brochure sur les statistiques socio-économiques du Hainaut, ici

APPEL À PROJETS EASY’UP 4 PROCESS À DESTINATION DES PME WALLONNES

​EASY’UP, conjointement avec MécaTech, lance un appel à projets à destination des PME Wallonnes.

Cet appel à projets vise à soutenir des projets d’automatisation, de robotisation, de lignes modulaires, de représentation 3D, etc.

Easy’up4process propose une solution d’accompagnement et/ou de financement pour booster les projets d’optimisation de process et de digitalisation.

MODALITES

  • Cible: PME wallonnes manufacturières
  • Offre: un financement via prêt subordonné et, si intérêt, un accompagnement
  • Pour quoi: projets d’investissements portant sur l’intégration d’une innovation de procédé de production ou de distribution ayant pour objectif d’augmenter la valeur ajoutée et la compétitivité de l’entreprise (optimisation opérationnelle)
  • Deadline: 14/02/2020
Plus d’informations concernant l’appel à projets

Pour toutes informations complémentaires, merci de contacter:

Anne-Stéphanie Adibime, innovation manager au pôle Logistics in Wallonia
Ou
info@easyup4process.be

Tél. Pôle MecaTech: +32 81 206 850
Tél. SOWALFIN: +32 04 220 51 90

Logistics in wallonia

C‘est parti pour le 30ème appel à projets du pôle Logistics in Wallonia.

Vous voulez développer une solution innovante dans 1 des 4 domaines d’activités suivants? Vous disposez de nouvelles technologies à appliquer à ces domaines?

♦ Logistique et mobilité durables
♦ Moyens de transport intelligents et efficaces
♦ Infrastructures et systèmes de transport intelligents
♦ Processus logistiques et de production efficaces

Vous êtes une entreprise, un laboratoire universitaire ou un centre de recherche ? Ne restez pas seul à y réfléchir et passez dans une dimension collaborative avec le pôle Logistics in Wallonia.

Nous vous aidons à trouver les bons partenaires et à structurer votre projet. Nous vous assistons dans la réalisation d’une étude de marché… Nous identifions avec vous le financement adéquat.

Bref, nous vous accompagnons dès le début du processus.

Grâce aux projets collaboratifs du pôle, la R&D s’invite dans les entreprises ayant des activités de transport et logistique afin qu’elles puissent rester compétitives.

Comment déposer un projet?

Dates clés du prochain appel à projets du pôle:

Vous souhaitez participer à cet appel?

Envoyez votre lettre d’intention pour le 15 janvier 2020 à Patricia MEXHER.

Plus d’information

Découvrez les recettes innovantes de Carole EQUETER, réalisées à partir de produits locaux et agrémentées d’une pincée de science, dans le cadre de son animation culinaire, présentée sur le stand de la Province de Hainaut, au salon AGRIBEX 2019.

Découvrez d’autres recettes sur notre site Hainaut Terre de Gouts

En savoir plus sur Carole EQUETER: http://www.carole-equeter.com/

 

Avec une superficie 10 fois plus grande que celle de la Belgique, la Norvège ne représente qu’un petit marché de 5,4 millions de consommateurs… mais elle est cependant un des pays les plus riches d’Europe, avec un niveau de vie très élevé.

Une économie solide

La Norvège est la 4e puissance économique d’Europe (en PNB/habitant), derrière le Luxembourg, l’Irlande et la Suisse. L’économie norvégienne repose en grande partie sur les secteurs pétroliers et maritimes. Les secteurs chimiques, des biens d’équipements et de métallurgie en font une puissance industrielle complète. Par ailleurs, la Norvège a une balance commerciale positive, une dette publique peu élevée, des finances publiques saines et un taux de chômage sous les 4 %.

La Norvège et l’UE

La Norvège, non membre de la CEE, fait partie de l’accord EFTA/EEE (Espace économique européen) depuis 1994. Ceci implique qu’il n’y a pas de droits de douane pour les produits originaires de l’UE, à l’exception des produits agroalimentaires, un marché qui reste très protectionniste.

La Norvège est donc ouverte aux produits étrangers, mais il faut bien faire attention à ce que les produits répondent aux normes norvégiennes en matière de spécificités techniques et de respect des normes de qualité car, même si alignées sur les normes CE, celles-ci peuvent être différentes.

Les spécificités du marché norvégien

Les pays nordiques ont beaucoup d’aspects historiques et culturels communs, cependant il ne faut pas considérer ceux-ci comme un seul marché. Chaque pays a ses spécificités, réglementations et particularités économiques.

Certains prospects se disent scandinaves ou nordiques; il faut bien vérifier comment ceux-ci couvrent les différents pays et la taille de leurs filiales.

Avoir déjà une référence en Norvège, ou dans un autre pays scandinave est, en général, un avantage et peut s’avérer être un argument de poids lors du contact avec les prospects.

Pour pouvoir être considérés par les prospects contactés, les produits doivent, soit avoir un bon rapport qualité/prix en comparaison avec les produits similaires déjà sur le marché local, soit être novateurs ou apporter un réel avantage différentiel technique par rapport aux produits de la concurrence.

Les circuits de distribution norvégiens ne sont pas nombreux; beaucoup de secteurs sont très concentrés: peu d’acteurs, mais des grands groupes où il est difficile de rentrer. Les circuits sont courts: selon les produits, soit vente à un grossiste/distributeur couvrant toute la Norvège, soit vente à l’utilisateur final. En général, il est conseillé de passer par un intermédiaire local qui connaît le marché et qui pourra assurer un suivi.

Les Norvégiens sont exigeants pour tout ce qui concerne les références: solidité financière de la société, respect des règles éthiques, de sécurité et de santé, des normes, de la protection de l’environnement.
Les sociétés sont généralement disposées à payer pour une qualité supérieure.

Les secteurs porteurs en Norvège

  1. Energies: secteur off-shore (pétrole et gaz) et secteur des énergies vertes
  2. Mines – sidérurgie – métallurgie
  3. Aquaculture et pêche
  4. Biotechnologies: biotech-santé, biotech-marin, biotech-industriel
  5. Secteurs publics: transports, infrastructures et bâtiments
  6. Construction
  7. TIC
  8. Construction navale et shipping
  9. Commerce de détail: alimentation, ameublement, électronique/électroménager, cosmétique, prêt à porter, e-commerce,…
    Source: www.awex-export.be

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Ingrid Cheron +32 65 342 629

La Province de Hainaut n’est évidemment pas la province wallonne la plus boisée. Néanmoins, la filière bois n’y est pas inexistante, que du contraire. De la sylviculture, l’exploitation du bois, en passant par sa transformation et son négoce, la forêt hainuyère offre de nombreux atouts; économiques, bien sûr, mais aussi patrimoniaux et touristiques.

Découverte d’une filière

La filière du bois, qu’elle soit hainuyère ou wallonne, se compose d’une multitude d’acteurs. Tous ne sont pas présents dans la province du Hainaut mais, pour bien comprendre comment fonctionne cette filière, il est crucial d’en avoir une vision d’ensemble. L’interdépendance des acteurs étant au cœur de cet écosystème pas comme les autres.

La Filière bois se compose donc des propriétaires forestiers, des gestionnaires, d’entreprises d’exploitation forestière, de marchands de bois, de scieurs, de fabricants de produits finis et semi-finis en bois (meubles, panneaux, éléments de constructions, emballages, objets divers en bois, papiers).1

Trois grandes catégories d’activités se distinguent donc au sein de la filière:

1. La gestion forestière

Active dans la régénération et l’éducation de nos forêts, la gestion forestière a pour objectif général d’assurer une production de bois de qualité, en quantité et durable. Parmi les métiers actifs au sein de la gestion forestière, on peut pointer: ingénieur forestier, garde forestier, expert forestier, pépiniériste, entrepreneur de travaux forestiers, élagueur,…

2. Le processus de transformation du bois

La transformation du bois se répartit en 2 phases: la transformation du bois en elle-même au sein de laquelle on retrouve le sciage, le tranchage, le déroulage, le séchage et l’imprégnation. Un ensemble d’étapes qui visent à préparer le bois pour ses utilisations spécifiques. Transformation du boisEnsuite, intervient la seconde transformation du bois qui vient lui apporter une valeur ajoutée. Elle regroupe les fabricants de meubles et de panneaux, les entreprises de fabrication d’éléments de construction (portes, fenêtres, parquets, charpentes, habitations à structure en bois,…), d’emballages en bois (caisserie, paletterie), d’objets divers en bois.

Ce secteur très important compte, en Belgique, principalement des entreprises de taille moyenne à supérieure. On en dénombre 1 211 qui fournissent de l’emploi à 18 625 travailleurs et induisent un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 4 513 milliards d’euros.2

3. Le négoce du bois

Un secteur composé des négociants, des grossistes ou des détaillants qui alimentent en matière première les entreprises, qui effectuent les transformations ultérieures ou qui réalisent les produits finis.

Secteur quelque peu à part, l’industrie papetière fait néanmoins partie intégrante de la filière bois. Elle comprend les industriels de la pâte, du papier et du carton. Ceux-ci apportent de la valeur ajoutée à la matière première qu’ils utilisent à savoir, les sous-produits de l’exploitation forestière (bois d’éclaircie, houppiers,…) et des scieries (plaquettes de scierie).

Un joyau dans la botte

Si au cœur des grandes villes hainuyères, Charleroi, Mons, La Louvière ou Tournai, le potentiel sylvicole du Hainaut ne saute pas aux yeux, il suffit de prendre la direction du sud de la province pour rapidement s’apercevoir que le Hainaut est aussi une province verte. La Botte du Hainaut est, en effet, un territoire particulièrement boisé avec près de 36 % de sa surface occupée par des massifs forestiers selon les chiffres du Réseau wallon de Développement Rural.

Une couverture remarquable car composée à 85 % de chênes sessiles ou pédonculés, un potentiel économique particulièrement important car, aujourd’hui, les spécialistes de la filière bois estiment que 70 % des fûts issus des arbres wallons sont exploités. Les massifs de la Botte du Hainaut représentent donc un vivier économiquement intéressant pour le Hainaut.
Face à ce constat et dans le cadre du Programme wallon de Développement Rural, un GAL (Groupe d’action locale) a vu le jour afin de valoriser la sylviculture et de promouvoir le bois.

Le soutien de l’Union européenne

Le Programme wallon de Développement Rural 2014-2020 a été approuvé par la Commission européenne et le Gouvernement wallon, fin juillet 2015. Disposant d’un budget de 654 millions d’euros, dont 390 millions sont apportés par la Wallonie et les 264 autres par le cofinancement de l’Union européenne, il intègre toute une série de mesures en faveur du développement des activités – agricoles ou non – en milieu rural et soutient des actions de formation, de protection de l’environnement et de la biodiversité ainsi que des initiatives d’associations et de groupes d’action locale. Le PwDR 2014-2020 couvre l’ensemble du territoire wallon.3

En Hainaut, le GAL de la Botte du Hainaut regroupe donc les communes de Beaumont, Chimay, Froidchapelle, Momignies et Sivry-Rance. Par les cibles privilégiées par le GAL, se trouvent les propriétaires et gestionnaires des massifs forestiers publiques. Les actions du GAL se déclinent via quatre grandes thématiques:

  • démonstration de bonnes pratiques sylvicoles,
  • soutien direct aux travaux forestiers communaux,
  • actions en faveur de la régénération et l’image du patrimoine forestier communal de Chimay,
  • création d’une vitrine des métiers de la forêt.

La volonté de ce GAL est donc clairement d’améliorer la gestion des massifs forestiers publics avec, comme axe principal, la valorisation du bois de qualité et le développement de techniques sylvicoles plus performantes. A noter que l’impact environnemental n’est pas oublié puisque des travaux sont mis en place afin de protéger l’eau et le sol mais aussi sauvegarder la faune et la flore ainsi que la biodiversité.
Pour mener à bien ces différents projets, le GAL de la Botte du Hainaut dispose d’un budget de près de 300 000 € répartis à parts égales (45 %) entre l’Union européenne et la Région wallonne, le solde étant à la charge des communes partenaires.

Les propriétaires privés aussi concernés

Mais les communes ne sont évidemment pas les seuls acteurs de la forêt du sud de la province, les propriétaires privés sont eux aussi concernés par ce poumon vert. Ils bénéficient, quant à eux, d’un autre projet qui s’appuie sur le Groupement des propriétaires privés de l’Entre-Sambre-et-Meuse (GProFor) mis en place lors de la précédente programmation.4
Leurs principaux partenaires sont:

  • le Centre de développement agroforestier de Chimay (CDAF), opérateur de terrain,
  • l’asbl Développement des Essences forestières indigènes (DEFI),
  • les administrations communales des cinq communes de la Botte du Hainaut,
  • le Département de la Nature et des Forêts (DNF).

Du bois pour construire

Débouché particulièrement important pour le bois et pour le bois wallon, le secteur de la construction occupe une place sans cesse plus grande dans le secteur. “La construction bois connait une croissance linéaire”, explique Admon WAJNBLUM, de l’asbl Ligne Bois, un centre d’information et d’animation au sein de la filière bois construction. “Mais on observe grâce, notamment, aux études de Hout Info Bois, que le secteur de la construction en bois est évidemment très lié à la santé du secteur de la construction en général. Lorsque la construction se porte bien, la filière bois se développe et inversement”.

Selon la dernière grande enquête réalisée en 2017-2018 par Hout Info Bois, organisme d’information technique sur le bois dans la construction, en collaboration avec l’Office économique wallon du Bois et Woodwize, il apparaît que:

– avec un total de 135 entreprises de construction, en 2017, le nombre d’entreprises belges de construction en bois n’a jamais été aussi important depuis 2011. Ce nombre diminue légèrement en 2018, mais reste toutefois élevé en comparaison avec les années précédentes. Et, dans le détail géographique, on peut constater que 90 de ces 135 entreprises sont wallonnes;

– si la croissance des entreprises est réelle, celle des nouvelles constructions en bois est plus variable, même si, depuis 2011, la croissance est presque constante. On remarquera néanmoins que 2017 marque un net recul en Wallonie.

Selon, Admon WAJNBLUM, la croissance des constructions en bois n’en reste pas moins importante et la part du bois dans les constructions neuves risque bientôt d’atteindre un certain plafond. “En 2011, la part du bois dans les constructions neuves était de 6,5 % et, selon les derniers chiffres, on peut estimer qu’elle sera aux alentours des 11 % en 2019. En France, par exemple, le bois atteint ± 12 %. Et on peut imaginer que, chez nous, comme ailleurs, elle ne dépassera pas 15 % au vu de l’état du marché et des contraintes liées au bois”, détaille le représentant de Ligne Bois.

Au niveau strictement économique, le chiffre d’affaires des entreprises qui ont répondu au questionnaire Hout Info Bois (± 50 % du secteur) s’établissait à 153 millions d’euros en 2018 pour un total de plus de 2 500 nouvelles maisons en bois. Un résultat qui se répartit presque équitablement entre le Nord et le Sud du pays avec, néanmoins, un léger avantage pour la Wallonie.

Le défi de la sensibilisation

Si le secteur de la construction en bois est donc en croissance, sa progression pourrait être encore plus importante. Surtout en lien avec l’évolution des bonnes pratiques environnementales et la volonté toujours plus forte du secteur de la construction de limiter son impact climatique. Néanmoins, le bois affronte encore quelques obstacles comme celui de la méconnaissance des professionnels du secteur.

“Nous devons sans cesse travailler sur la sensibilisation des acteurs du secteur”, explique Admon WAJNBLUM. “Architectes, entreprises de construction, pouvoirs publics, nous organisons de nombreuses actions afin de mieux faire connaitre la construction bois. Par exemple, même si la situation s’améliore, les écoles d’architecture ne forment pas encore suffisamment leurs étudiants à l’utilisation du bois”.

Le secteur est également pénalisé par les marchés publics et le sacro-saint critère du prix: “Aujourd’hui, les constructions bois sont légèrement plus chères que les constructions classiques. De nombreux pouvoirs publics écartent donc le bois sur ce seul critère. Mais d’autres arguments peuvent et doivent entrer en ligne de compte comme, évidemment, le bilan environnemental positif du bois. Nous incitons donc les communes, par exemple, à adapter leurs cahiers des charges et leurs marchés publics afin que le bois puisse avoir toutes ses chances”.

Coopération européenne

Les enjeux liés à la sylviculture et à la valorisation du bois ne se limitent évidemment pas aux frontières hainuyères ou wallonnes, mais ils touchent aussi les régions voisines comme la Flandre et le Nord de la France. C’est dans ce sens que plusieurs projets européens ont le bois au cœur de leurs préoccupations. Soit via des projets locaux comme via le GAL de la Botte du Hainaut (voir plus haut), soit via des projets transfrontaliers.

Ainsi, le portefeuille de projets “Feel Wood”, décrit en page 11, dont fait partie la Province de Hainaut via Hainaut Développement, s’inscrit dans le cadre du programme européen Interreg V France-Wallonie-Flandre qui développe deux grands axes prioritaires que sont la protection et la valorisation de l’environnement par une gestion intégrée des ressources transfrontalières ainsi que l’amélioration et le soutien à la collaboration transfrontalière en recherche et innovation.5 Un programme qui réunit la France, la Wallonie et la Flandre.

Le portefeuille de projets “Feel Wood” est composé des projets Forêt Pro Bos, Trans Agro Forest, ProFilWood et FormaWood et du projet pilote Feel Wood. 21 structures partenaires y regroupent leurs expertises et compétences dans le but de valoriser la filière au-delà des frontières, de la plantation jusqu’au produit fini et sa mise en œuvre (voir rubrique “De l’autre côté de la frontière”).

Les arbres au service de l’agriculture

Et parmi ces projets, celui intitulé Trans Agro Forest mobilise particulièrement la Province de Hainaut puisqu’il est piloté par Hainaut Développement. Un projet qui vise à protéger les sols et l’eau en réintégrant l’arbre et la haie dans les terres agricoles en fusionnant la sagesse des pratiques anciennes et l’efficacité des techniques modernes.6

“Nous sommes aujourd’hui confrontés à différents phénomènes dont la sécheresse et les agriculteurs en sont évidemment les premières victimes”, explique Pierre WARZEE de l’asbl Ressources naturelles Développement, partenaire du projet Trans Agro Forest.

L’asbl RND mène donc de nombreuses actions auprès des agriculteurs afin de les sensibiliser à l’importance de maintenir et développer la présence d’arbres sur leurs terres. Un travail de persuasion qui se heurte à certaines réticences. “Les agriculteurs voient souvent les arbres comme des obstacles. Notamment dans les grandes exploitations où la mécanisation est particulièrement importante. L’importance des rendements est cruciale et ils ne veulent pas de problèmes de circulation sur leurs exploitations”, explique Pierre WARZEE.

La menace du scolyte

Si, comme on l’a vu dans le domaine de la construction, la filière bois a des atouts, elle n’en demeure pas moins fragile. Et certains périls la menacent comme la pénurie de certaines essences et, depuis plusieurs mois, l’épidémie de scolytes. Une véritable menace pour nos massifs forestiers.

“On estime qu’en 2018, 500 000m³ de bois ont été touchés par ces petits insectes particulièrement attirés par les épicéas”, s’inquiète Pierre WARZEE. Des invasions liées à la hausse des températures qui favorise la prolifération des scolytes. Une fois malade, l’arbre meurt rapidement et son bois peut être altéré à moyen terme. L’abattage systématique des arbres infectés est donc particulièrement recommandé par la Région wallonne. Ce qui, évidemment, fait trembler les exploitants forestiers. Selon Pierre WARZEE “il y a beaucoup de peur chez les propriétaires de parcelles qui voient les pertes s’accumuler”. Conséquence de la crise du scolyte: les stocks de résineux inondent le marché avec comme corolaire, la chute du prix des matières premières et donc, une baisse significative des revenus pour les exploitants.

Les professionnels du secteur, comme les associations à l’image de l’asbl RND, recommandent donc aux exploitants de modifier leurs pratiques et de ne plus baser leur modèle économique sur le seul épicéa, un arbre devenu aujourd’hui trop fragile. “Aujourd’hui, nous recommandons aux propriétaires de massifs forestiers de mélanger les essences”, explique Pierre WARZEE. Avec, comme conseil, de détenir des parcelles avec minimum 3 essences différentes afin de se prémunir d’invasions comme celles des scolytes.

Quel avenir?

Les spécialistes du secteur sont tous unanimes: la filière bois en Wallonie est plongée dans une profonde incertitude: maladie, on l’a vu plus haut avec le scolyte; concurrence venue de l’Est ou de la Chine; disparition des scieries, etc. Les sources d’inquiétudes sont donc nombreuses. Néanmoins, à l’instar de la vie d’un arbre, les cycles dans le bois sont longs. Et, si les points d’interrogations sont nombreux, l’état actuel de la forêt wallonne permet d’assurer l’avenir de la filière bois pour les 15 à 20 années à venir.

Petite embellie en Hainaut: moins présent dans la sylviculture, le Hainaut profite, aujourd’hui, de son patrimoine forestier comme outil d’attrait touristique. Province densément peuplée mais province verte néanmoins, le Hainaut valorise aujourd’hui ses bois et ses forêts. Des poumons verts qui attirent, chaque année, des milliers de visiteurs à la recherche d’un grand bol d’air frais.

Aurélien LAURENT

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